Eglise nord :
Il faut tout d’abord s’imaginer l’église à ses débuts, la tribune n’existait pas, et elle était donc beaucoup plus lumineuse.
La nef voûtée en berceau est éclairée dans la partie gauche par deux baies en plein cintre à fort ébrasement intérieur, sur le mur nord.
Elle ouvre sur la nef sud par deux grands arcs brisés, percés dans le mur sud. La réunion des deux églises a d’ailleurs en permanence posé des problèmes d’infiltrations d’eau à l’endroit où les deux toitures se rejoignent.
Elle est également éclairée par un oculus percé dans la partie supérieure du mur ouest, au dessus de la tribune du 18ème siècle.
La nef est séparée du chœur par un mur de refend, percé d’un grand arc brisé. Le chœur, très développé (c’était une église dépendant d’un prieuré), est composé d’une partie droite d’une travée voûtée en berceau, il est percé au nord d’un oculus et au sud d’un arc plein cintre ouvrant sur la nef sud.
Cette partie droite se prolonge par une abside hémisphérique voûtée en cul de four et éclairée par 5 oculi.
Un grand arc doubleau brisé porté par deux colonnes engagées, sépare les deux parties du chœur.
Les chapiteaux des colonnes sont sculptés de tiges foliées et enroulées.
(une moulure placée juste sous l’oculus divise le mur nord de la partie droite du chœur en deux registres).
Les fontaines
Dans l’abside, côté sud, à gauche de la porte, deux niches encadrées d’une double arcade à colonettes sont creusées dans l’épaisseur du mur et abritent un lavabo ( rite du XIe siècle), ce qui laisse supposer qu’il existait une Eglise avant la construction de l’Eglise prieurale .
En effet le rite a changé au cours des siècles. Avant l’an Mil, après la consécration, le prêtre rinçait le calice à l’eau, il ne la buvait pas comme aujourd’hui, elle était envoyée dans l’une des deux fontaines qui la drainait vers les fondations de l’église. La deuxième fontaine recevait l’eau du lavement des mains et était directement rejetée à l’extérieur de l’église.
Le Christ
Il est probablement du 15ème siècle et est en bois de tilleul.
La Vierge
La Vierge en Majesté (sur son trône) est une copie d’une Vierge très ancienne.
Crypte sous les dalles ?
Nous n’avons pas fait de recherche sous les dalles.
Eglise nord, les fresques ?
Pour suivre l’ordre chronologique d’exécution des peintures, ce sont celles de l’espace le plus sacré de l’église, le chœur, et tout particulièrement la voûte en cul de four de l’abside.
Symboliquement et visuellement, par sa forme, elle rassemble et ouvre sur l’infini tout à la fois. Dans l’art roman du 12ème siècle, on trouve souvent en ce lieu des thèmes eschatologiques, c’est-à-dire traitant de la vie après la mort.
Un grand Christ en gloire nous accueille. Il est entouré des symboles des 4 évangélistes :
Matthieu, en haut à gauche, sous l’aspect d’un homme ailé (son évangile débute par la généalogie humaine de Jésus)
Marc, en bas à gauche, sous l’aspect d’un lion – la voix qui crie dans le désert
Luc, en bas à droite, sous l’aspect d’un taureau – Evangile commencé par un sacrifice
Et Jean, en haut à droite, sous l’aspect d’un aigle : le Verbe, le message du Christ
Cette représentation, très fréquente à l’époque romane en peinture comme en sculpture, est appelée Christ au tétramorphe.
Le Christ, auréolé d’un nimbe crucifère siège dans une mandorle figurant la gloire du Ciel. Ses pieds débordent de l’espace de gloire : il est Homme et il est Dieu, il est notre chemin vers le Père. Son siège et le drap qui le couvre, et qui sort lui aussi de la mandorle, évoquent plus un tombeau et un linceul ou un autel et nappe qu’un Trône de Gloire.
Le Christ tient le Livre dans sa main gauche : il est le Verbe incarné, en Lui l’écriture s’accomplit et de sa main droite, il nous bénit.
C’est le texte de l’Apocalypse, le dernier Livre de la Bible, qui a inspiré ce genre de peinture. Les 4 évangélistes sont à la fois tournés vers le Christ et en mouvement vers l’extérieur.
Cette représentation, probablement du XIIe siècle, était cachée par plusieurs couches d’enduits et de badigeons.
La frise au dessus date certainement du XIIIe siècle, c’est malheureusement tout ce qu’il reste, mais les différentes traces de peinture nous laisse penser que la voute était entièrement peinte. Les restaurateurs n’ont mis à jour que peu de fragments de cette deuxième étape ; on ne peut donc pas dire ce qui était représenté, mais en ce lieu, il ne pouvait s’agir que d’un message essentiel.
Dans l’avant chœur, vous avez une frise magnifique, au dessus du mur de refend. Les restaurateurs ont mis a jour deux décors différents, pour une meilleure lecture le décors du XVIIIe à été caché. Mais il est toujours là.
Une porte existait du temps de l’Église prieurale, elle permettait au officiant d’accéder directement au chœur. (une autre porte existait dans le fond le l’Église pour les moines converses)
Toujours à l’intérieur, retournons-nous vers la façade, c’est-à-dire au-dessus de la porte d’entrée.
Elle est peinte d’une scène du paradis terrestre. Il faut tenir compte du fait que la tribune n’existait pas avant le 19ème siècle.
Nous la verrons de près en montant sur la tribune d’où la vue est meilleure.
Montons à la tribune
Sur le mur ouest, au revers de façade, c’est-à-dire au dessus de la porte d’entrée, est peinte une scène du paradis terrestre.
En entrant dans l’église, on découvrait, en se retournant, au-dessus de bandes décoratives, Adam endormi à droite et Eve allongée à gauche. Au dessus d’Eve une longue forme verte matérialise le serpent. Au-dessus d’Adam, une forme d’arbre, peut-être celui de la connaissance du bien et du mal. La luxuriance du lieu est reprise dans l’ébrasement de l’oculus richement peint de motifs d’inspiration végétale.
Cette scène se passe donc après la création de l’homme et de la femme et avant la faute. C’est une représentation du premier livre de la Bible, qui nous dit que Dieu a créé l’homme et la femme à son image et leur a confié la création.
La représentation est bordée d’une succession de visages auréolés. Il s’agit donc de saints. Symboliquement, nous trouvons cette illustration des origines à l’entrée des églises, lorsqu’on en franchit la porte et il faut regarder en arrière pour admirer ce bonheur perdu du fait du péché originel.
Le tympan de l’arc triomphal
Regardant vers le chœur, en direction de l’Est d’où nous vient la lumière après la nuit (c’est la raison pour laquelle nos églises sont traditionnellement « orientées » c’est à dire tournées vers l’orient), nous découvrons au-dessus de l’arc triomphal, celui sépare le chœur liturgique de la nef où sont assemblés les fidèles, une nouvelle représentation figurée.
L’espace est divisé en deux parties par une pièce de charpente verticale.
A gauche, la scène représentée est sans doute possible la Nativité : sur un fond parsemé de fleurs, on distingue (quand la lumière le permet) l’Enfant Jésus couché et le toit en pente de la crèche. La scène est comme présentée par un grand ange.
Dans les années 20, le Père Delaunay, Curé de St Eloy, écrivait : « vers le milieu du tableau, dans un espace vide d’étoiles, quelques plis de vêtements marquent la place de la Sainte Vierge et de Saint Joseph. Plus près du Divin Enfant, quelques traces de tête du bœuf ou de l’âne. »
Ces détails sont bien difficiles à distinguer aujourd’hui.
L’autre partie du même tympan, à droite, est très lacunaire. D’après l’abbé Delaunay, il s’y trouvait autrefois une porte qui faisait communiquer les combles du Chœur avec le dessus du plafond primitif de la nef.
Ce qui est certain, c’est qu’un fond très sombre remplace le fond étoilé de la Nativité. On discerne un autre grand ange, symétrique à celui de la crèche.
Le Père Delaunay se risque à une autre interprétation : ‘ « au dessus de la porte, on devine, dans un fouillis de ramures, un ange à visage sévère, les ailes dressées. Peut-être étaient représentés là nos premiers parents chassés du Paradis terrestre. » Mais il est difficile aujourd’hui de l’affirmer. De futures études permettront peut-être d’y voir clair.
De plus, il faut admirer les magnifiques visages occupant des sortes de médaillons formés par des entrelacs, peut-être des prophètes sont-ils ici représentés. Ils ont des attitudes variées, et si on regarde l’orientation des têtes, les regards et les gestes des mains, on remarque que ceux de gauche sont orientés vers la Nativité alors que ceux de droite semblent se détourner de la représentation. Celui du sommet, visible dans les combles, dort ou regarde vers le bas.
Quelle que soit la scène représentée à droite, à l’entrée du chœur où se déroule l’action eucharistique, Jésus s’offre à notre regard, dans le dépouillement de sa naissance. Dieu s’incarne, prenant notre condition humaine dans le temps et dans l’histoire.
Si la représentation de droite est bien celle de l’expulsion du paradis terrestre, le message est encore plus explicite : Jésus, nouvel Adam, vient racheter l’homme du péché qui le sépare de Dieu.
Ainsi, si nous refaisons rapidement le cheminement à partir de l’entrée de l’église, nous laissons derrière nous Adam et Eve au paradis terrestre pour nous diriger vers la Terre Nouvelle, le paradis de la vie avec Dieu, où Jésus, premier Vivant, nous précède et nous accueille. Le chemin nous est donné.
Tout est récapitulé, du premier au dernier Livre de la Bible, les évangiles nous révélant que Jésus, mort et ressuscité est Christ et Seigneur.
Les artistes du Moyen Age, avec une économie de représentations, ont ici su dire l’essentiel de la foi aux chrétiens de leur époque, et ce message a encore du sens pour nous aujourd’hui.
Eglise sud
C’était celle des paroissiens, l’église nord étant réservée aux religieux.
Nef sud
Elle est voûtée en berceau et se termine à l’est par un mur plat, percée dans sa partie haute d’une grande fenêtre brisée à large ébrasement intérieur. Elle contient deux baies pleins cintres, surmontées d’un écoinçon.
Sur le mur sud, elle est éclairée de trois baies brisées à fort ébrasement intérieur.
Toute la partie inférieure du mur est, ainsi que les retours, occupé par un grand retable du début du 18ème siècle. Le cadre général est donné par une construction à l’antique, comme on aimait le faire à cette époque, sur les murs à droite et à gauche, des architectures peintes en perspective pourraient évoquer la Jérusalem ancienne et la Jérusalem nouvelle (l’ancien et le nouveau testament). De part et d’autre de la baie des représentations sous forme de cartouches, celle de droite très lacunaire laisse entrevoir une étole et un crucifix, sur celle de gauche on voit de haut en bas des épis de blé, du raisin, une cloche, un candélabre. Tous ces objets liturgiques sur le thème de l’eucharistie surmontent deux très beaux bouquets de fleurs dont les vases sont posés sur des socles. Au centre, au dessus le l’autel, est figuré une niche architecturale.
L’autel de la Vierge a été en parti restauré, il reste les peintures à refaire, il est du 17ème siècle dans sa partie basse et d’une époque plus récent dans sa partie haute. Il cache un autel de pierre très ancien.
Les travaux entrepris en 2006, ont permis de remettre à jour deux niches qui abritent un lavabo. A l’intérieur un décors de double appareillage et de fleurette que l’on devine aussi sur les mur de cette nerf et qui reste à restaurer…
Il y a une pierre tombale devant l’autel de la Vierge : Raymond de Castaing seigneur de Dame mort en 1585. L’inscription sur la pierre tombale est pratiquement effacée « Cy repose noble homme R de Castaing seigneur de Dame.
Cette nef contient les fonds baptismaux du 18ème siècle. Ils étaient à l’origine dans la nerf nord et on été remis en état par l’association.
Sur le mur sud, on retrouve un décor de double appareillage avec en son centre une fleurette ocre rouge avec le cœur blanc sans doute du 15ème siècle qui devait couvrir toute la surface de ce mur. C’est l’humidité qui a fait se mélanger les peintures. Sur le mur nord des traces de peinture apparaissent autour des arcs brisés.
La nef sud est précédée à l’ouest d’un « sas » situé au-dessous du clocher et communiquant à l’extérieur. La nouvelle sacristie y a été installée.
Le mur ouest est percé d’un oculus dans sa partie haute. Ce « sas » contient un escalier menant à la tribune de l’église nord.
Il ouvre sur la nef latérale par une porte en bois sculptée et armoriée de style Louis XIII. Au sujet de la porte, il nous faut parler de Charles de Montreuil, curé de St Eloy de 1715 à 1763. De par ses parents, seigneur de la Mouline, du Cretet et de Vendegond. On lui doit de nombreux embellissements de l’église. Sur la porte, on devine les armoiries de sa famille (d’azur à 3 fleurs de lys de jardin surmontées d’une cigogne volante d’argent membrée et becquée de gueule avec la devise LILIA SERVA).L’association espère pouvoir la restaurer aussi.
C’est lui qui fit donner par l’abbaye de Saint Sulpice le lutrin en fer forgé (monument historique).
(Autres classés : St Sébastien – les 2 tableaux : St Jean-Baptiste / St Jean-Baptiste et St Eloi)
Il administra la paroisse pendant 48 ans et est inhumé dans l’église nord à l’entrée du chœur.